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Les roses d’Atacama, de Luis SEPULVEDA


- Commentaire

L’amateur de beaux livres, de belles histoires, a parfois le bonheur de tomber sur une pépite littéraire. Les roses d’Atacama, le recueil de courtes nouvelles de l’auteur Chilien Luis Sepulveda, est un de ces petits trésors, une de ces gâteries que l’on dévore avec délectation.

Toute une série de nouvelles au style vif, aux mots percutants, aux phrases profondes à méditer, souvent pleines de chaleur et de tendresse.

On connait bien sûr l’auteur pour son savoureux Vieux qui lisait des romans d’amour ou sa sublime Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler.

Luis Sepulveda se confie beaucoup dans Les roses d’Atacama. On découvre et on apprécie en lui un infatigable globe-trotteur qui nous fait voyager à Hambourg, au Chili, au Pérou, en Italie, en Espagne… On retrouve avec plaisir le poète qui nous émeut par ses phrases ou par ses judicieuses citations d’autres poètes. On aime aussi l’exilé qui nous fait partager ses souffrances et celles de ses compatriotes.

On lit rarement d’œuvre aussi belle et marquante.

- Quelques Extraits

L’indication des pages pour les citations se réfère à la version brochée éditée chez Métailié

« J’admire les résistants, ceux qui ont fait du verbe ’résister’ chair, sueur, sang, et ont démontré sans faire de simagrées qu’il est possible de vivre debout, même dans les pires moments » (p.35)

Citation du poète Avrom SÜTZVEKER : « […] si un petit ver ne se rend pas à la bêche Serais-tu par hasard moins qu’un ver ? » (p.36)

« […] s’il est bien vrai que la vie est brève et fragile, il n’est pas moins vrai que la dignité et le courage lui donnent la vitalité qui nous permet de supporter ses pièges et ses malheurs » (p.41)

« Je suis très pessimiste sur la possibilité d’émouvoir les oisifs fortunés ; cependant, par une sorte de foi en l’espèce humaine, je veux croire que dans un futur pas trop lointain, quelque industriel ou banquier, au lieu d’offrir à son fils adolescent un scooter des mers, l’invitera à aller à ce même endroit du nord de la Sardaigne où j’ai vu les baleines, et là, avec les enfants des pêcheurs, ce gamin s’émerveillera du spectacle des cétacés en mouvement dans leur espace naturel et protégé, car la vie est et sera toujours le plus digne et le prometteur des cadeaux. » (p.65)

« Les sacs de couchage étaient trempés. Je demandai s’il avait plu, Fredy répondit que oui, il était tombé une pluie douce et fine comme presque tous les 31 mars à Atacama. En me redressant je vis que le désert était rouge, d’un rouge vif, couvert de minuscules fleurs couleur de sang. « - Les voilà. Les roses du désert, les roses d’Atacama. » (p.85)

« […] les blessures des héros de la littérature sont rapidement guéries par le baume de la lecture. » (p. 93)

« Comment leur expliquer qu’il y a des maladies qui ont besoin de la chaleur et de la compagnie des bien-portants, mais qu’il en est d’autres qui sont pure agonie, pure, indigne et terrible agonie, dont le seul signe de vie est le désir véhément de mourir ? » (p.100)

Éditeur : Anne-Marie Métailié
Traduction de François Gaudry
159 pages
ISBN : 2864244721